Agée de plus de 150 ans, l'estacade de Capbreton a connu bien des tempêtes !
C'est l'empereur Napoléon III qui en décida la construction lors de sa visite en septembre 1858, après avoir examiné les plans du futur port de Capbreton établis par les ingénieurs Descombes et Pairier. 600 pins sont alors attribués par le conseil municipal pour la réalisation de l'Estacade.
A l'origine, elle mesure 400 m et part de l'actuel Manège de la Capitainerie ! Elle est prolongée plus tard de 50 m mais connaît bien des déboires :
dès février 1885 la charpente pourrie occasionne de gros travaux;
en janvier 1924 lors d'une forte tempête, deux tronçons, l'un de 30m et l'autre de 15m, sont emportés par les flots ;
en septembre 1943 pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle est en partie rasée à coups de canons lors de la construction du Mur de l'Atlantique par les Allemands, afin de ne pas gêner les lignes de tirs
Elle sera reconstruite à l'identique en 1947, puis surmontée d'un phare en pierres en 1948 et d'une lanterne d'une portée de 14 miles en 1950.
Le phare rouge, de l'autre côté de la passe, est quant à lui construit en 1974.
en janvier 1978 elle est à nouveau amputée de 20m par les déferlantes; les soubassements sont alors renforcés et les boiseries remises en état;
la dernière tempête destructrice date de mars 2008 au cours de laquelle 25 m sont encore emportés par les flots.
De nombreuses autres tempêtes, parfois encore plus violentes, ont touché le Golfe de Gascogne, mais sans endommager l'estacade (voir Les Tempêtes )
Heureusement l'estacade a survécu à toutes les tempêtes et aujourd'hui, avec une longueur de 189 m 60, c'est une magnifique promenade où le ciel, la terre et la mer se rejoignent...
Mais remontons un peu plus dans le temps pour découvrir...
Autrefois situé à l'embouchure de l'Adour dénommée "Boucau di Diou"(Embouchure de Dieu), Capbreton était un port important.
Dés le XIIe siècle les marins capbretonnais partaient chasser la baleine jusqu'à Terre-Neuve. Il parait même qu'ils auraient découvert l'Amérique, un siècle avant Christophe Colomb !
Une légende locale raconte qu'un jour, les marins de Capbreton harponnèrent une baleine qui remorqua leur bateau à travers l'océan Atlantique et qui, épuisée, vint s'échouer sur une île inconnue au large de Terre-Neuve.
Coïncidence ? L' île du Cap-Breton existe bel et bien, au Nord-Est du Canada, dans la province de la Nouvelle-Ecosse...
Aux XVe et XVIe siècle, Capbreton est une cité prospère d'environ 3 000 habitants, qui fait du commerce avec l'Espagne, le Portugal et les Pays-Bas.
Placé sur le chemin littoral menant à Saint-Jacques de Compostelle, l'hôpital de la petite commanderie templière de Bouret accueillait les pèlerins dès le XIII è siècle.
La cloche de sa chapelle, dédiée à Sainte Madeleine et fondue en 1483, orne actuellement le clocheton de l'église Saint-Nicolas.
L'église de Capbreton a été construite en 1539; sa tour-clocher carrée haute de 35m servait à la fois de phare pour les bateaux, et de tour de surveillance pour les feux de forêt.
Détruite par la foudre puis reconstruite en 1824, l'Eglise conserve encore une magnifique porte gothique, une très belle pietà polychrome du XVe siècle, ainsi que de superbes fresques peintes par les frères Gélibert, dont le tableau "La conversion de Saint Hubert" qui date de 1891.
Le choeur de l'Eglise abrite un gigantesque triptyque, qui illustre le chant des "Marins de Capbreton", inscrit au bas des trois tableaux à l'huile sur toile.
Sur les murs du porche et de la nef, on peut d'ailleurs s'amuser à déchiffrer les noms de nombreux marins natifs de Capbreton, qui ont souvent péri bien loin de leur port d'attache.
De ce riche passé maritime subsistent aussi quelques maisons à encorbellement et colombages, dont la " maison du Rey" où descendit en 1583 le roi Henri III de Navarre qui deviendra Henri IV.
Vers 1570, Charles IX ordonne le détournement de l'Adour au profit de Bayonne. Mais l'ancien lit est maintenu par la marée. Le lac marin d'Hossegor se forme vers 1630-1660 et témoigne de l'ancien emplacement du lit de l'Adour.
Au XIXe siècle, plusieurs études proposent de rendre à Capbreton l'embouchure de l'Adour, car la passe de Bayonne est réputée dangereuse.
En 1862 , l'ingénieur Maignon de Roques écrit un document sur "L'avenir de Bayonne et de son port, et du canal de Capbreton" :
"Le moyen que je propose est un canal maritime, amorcé au fleuve Adour, à son ancienne embouchure, au Boucau neuf, et qui, suivant avec quelques rectifications l'ancien lit de l'Adour, irait se jeter dans le gouffre de Capbreton "
"Ce canal, réglé par deux écluses, serait, au besoin, un magnifique port où l'on pourrait abriter la flotte la plus nombreuse. "
Ce projet gigantesque de canal, long de 15km, qui devait relier Bayonne à Capbreton, fut vite abandonné.
Des travaux plus modestes redonnèrent vie à l'ancien port, un bassin de chasses fut créé depuis le lac d'Hossegor, qui, canalisé, a permis de pérenniser l'embouchure naturelle de Capbreton, mais avec une largeur bien inférieure à celle de son passé.
Le Second Empire vit aussi la création de l'estacade pour prolonger l'entrée du port et la sécuriser, ainsi que du sanatorium Sainte-Eugénie d'après le nom de l'impératrice.
Destiné à soigner les enfants atteints de tuberculose, il fut ensuite renommé préventorium, puis centre hélio-marin quand il fut transformé en centre de colonies de vacances. Il a été fortement touché par la tornade d'août 1970 qui a emporté son toit. Reconstruit, il a été pourtant démoli en 1991 pour laisser la place au Centre européen de rééducation du sportif (CERS) et à un hôtel.
A but thérapeutique dans un premier temps, la mode des bains de mer est donc lancée, sous l'impulsion de l'impératrice Eugénie qui, originaire d'Espagne, adore la côte Basque.
En 1856, Napoléon III fait construire à Biarritz la villa Eugénie du nom de son épouse. Ce palais somptueux bâti en forme de "E" sera leur résidence d'été et fera de Biarritz la ville balnéaire la plus chic du monde, où les maharadjahs côtoient les princes et les rois !
Ce goût pour des vacances en bord de mer va se renforcer tout au long du XXe siècle, grâce au développement des transports ferroviaires puis automobiles, et surtout grâce à l'apparition des congés payés en 1936.
C'est, avec la plaisance et le surf, ce qui permettra la véritable résurrection de Capbreton.
Le réaménagement des digues marquant l'entrée du port rend la passe moins dangereuse. Le creusement des bassins et la pose de pontons permet la création d'un port de plaisance de 1 000 anneaux, le plus important entre Arcachon et Saint-Jean-de-Luz.
Aujourd'hui Capbreton est une petite commune où il fait bon vivre de 7 800 habitants l'hiver, qui se transforme en station balnéaire idéale pour les amateurs de plaisance et de surf avec plus de 50 000 touristes en juillet et août !
Sources : Wikipedia, Cote Sud Mémoire Vive, Bibliothèque Historique de la Ville de Paris.